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Territoire Durable 2030

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Scénario 4 : Des régions solidaires ou solitaires ? Le local


Aqua 2030

Pouvoir local, changement institutionnel

Ce scénario se caractérise à la fois par une forte sensibilisation des préoccupations environnementales suite à des catastrophes écologiques majeures plus fréquentes dans le monde et par une décentralisation choisie de pouvoirs nationaux à une échelle régionale, notamment en matière de politiques environnementales. Cette évolution conduit à la fois au repli local à l'échelle des régions (puis euro-régions) et à la prise d'initiatives des acteurs locaux qui font des choix différenciés de développement. On bascule de la norme au contrat de co-gestion avec les acteurs dans les territoires ; un schéma de type « Länder » à l'allemande se développe en France. Toutes les régions ne tirent pas profit de ces nouvelles responsabilités : les inégalités régionales augmentent dans un contexte socio-économique national en amélioration.

Par la fiscalité foncière, les grandes villes parviennent à maîtriser leur étalement urbain et la population tend à se localiser dans les villes moyennes et le rural diffus. L'autonomie croissante des territoires aboutit à des politiques de type SCoT, planifiées, volontaristes et faiblement coordonnées qui accroissent les inégalités et les conflits entre territoires.

Les métropoles croissent sur elles-mêmes et font une OPA sur les services de l'eau gérant la solidarité dans un processus de co-gestion avec les porteurs d'enjeux. Les débats participatifs se développent partout et sont pris en compte par les politiques.

Globalement la gouvernance territoriale conduit à la maîtrise de l'urbanisation dans les zones à risques grâce au déploiement des PPRN (Plans de Prévention des Risques Naturels) et des PAPI (Programme d’Actions de Prévention contre les Inondations). On asservit les remboursements des dommages au déplacement de la population vers des zones à moindres risques. Mais la pression foncière aboutit à une spécialisation des masses d'eau dont certaines sont « sacrifiées ». Les collectivités locales adoptent des politiques différenciées en matière de prix de l'eau qui peuvent conduire soit à une légère hausse de la consommation, soit à une baisse plus ou moins accentuée. La variation des prélèvements dans le milieu étant encore amplifiée selon l'état des réseaux. Les prélèvements en eau pour l'industrie se maintiennent tandis que les pollutions industrielles se réduisent fortement dans les régions où elles sont taxées et fortement réglementées (zones touristiques notamment) et augmentent progressivement dans celles qui choisissent de baisser la pression sur les industriels pour préserver les emplois.

En matière d'épuration (collective et non collective) les évolutions sont tout aussi contrastées : de régions « modèles », à d’autres qui peinent toujours à faire respecter les réglementations de base. Le nombre total d'ouvrages augmente (digues, stockage, aménagement de loisirs) pour les besoins locaux, leur impact sur les milieux et les espèces est réduit grâce notamment au développement de l'ingénierie écologique, mais les territoires autonomes ne cherchant pas à être reliés entre eux, il n'y a pas de réalisation de nouvelles voies de communication (y compris les voies navigables).

Les régions se « réapproprient » les politiques agricoles et énergétiques mais font des choix différenciés. L'agriculture française est duale : une agriculture intensive, intégrant des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) résistants aux ravageurs, qui sert en priorité les marchés de proximité européenne et une agriculture plus extensive et multifonctionnelle pour les besoins locaux. La recherche d’autonomie énergétique conduit à accroître considérablement les surfaces de biocarburants. Globalement alors que les pollutions diffuses agricoles diminuent, même quand une région choisit d’intensifier sa production, le prélèvement en eau pour l'agriculture augmente et l'irrigation progresse vers le Nord sous la pression du changement climatique. L’hydroélectricité ne progresse que par l’équipement des seuils existants et l’optimisation des centrales. La part d’énergies renouvelables atteint 25% en 2030.

Une politique proactive de restauration des milieux englobant l'ensemble du corridor fluvial est mise en œuvre dans certaines régions exemplaires, en mobilisant les acteurs au sein d’une gouvernance locale. La restauration des continuités écologiques se heurte à l'hétérogénéité des politiques territoriales, des héritages et à la multiplication des ouvrages dans certains territoires.

L’État français est encore contraint de jouer son rôle d'arbitre en cas de conflit entre territoires. Mais l’arbitrage est extrêmement difficile car les régions modèles avec une forte valorisation du tourisme sont, soit situées dans des zones rurales continentales qui ont su développer un tourisme vert, soit des régions littorales en aval d’autres régions moins sensibles à la qualité des écosystèmes aquatiques. Aussi les régions avales risquent-elles de demander des compensations à l’État (ou à l'Europe) pour les pollutions, les coupures ou les destructions d’habitats générées dans les régions amont qui génèrent des nuisances ou des surcoûts de dépollution ou restauration sur leur territoire.

L’État se concentre sur les parcs nationaux et la continuité écologique des grands corridors fluviaux ainsi que sur la protection de quelques espèces emblématiques. Les risques d'incohérences entre les territoires sont importants et des tensions apparaissent entre régions d'un même bassin y compris avec l'Allemagne et la Belgique. Malgré la montée en puissance de l’Europe dans l’arbitrage des conflits territoriaux en matière d’environnement, c’est l’État qui joue le rôle d'arbitre principal à l'échelle des bassins, en particulier pour freiner les écarts de richesse dans un contexte où les inégalités entre régions se creusent.

 
 
 

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Site mis à jour le 27 juillet 2015
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