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Scénario 2 : A vau-l'eau, la crise
Crise et primauté de l'économie
Ce scénario se caractérise par une poursuite voire une accentuation de la crise. Les revenus des Français baissent. La précarité et les inégalités s'accroissent. De ce fait les préoccupations économiques et sociales prennent le pas sur les préoccupations environnementales. Les normes de potabilité sont maintenues sans durcissement.
La population en croissance tendancielle se localise de préférence autour des pôles économiques, en périurbain près des villes grandes et moyennes. L'urbanisation se fait dans un cadre libéral aux dépens de l'environnement (étalement et imperméabilisation). Faute de moyens, l’État délègue la mise en œuvre des objectifs environnementaux aux collectivités locales et n'a plus les moyens de contrôler les directives (plus de police de l’eau).
La centralisation régionale des politiques de l'eau s'organise autour des grandes métropoles et les financements pour l'eau sont recentrés en priorité sur l'eau potable et l'assainissement dans une moindre mesure. La crise ne permet pas d'augmenter le prix de l'eau ni de contrôler rejets et prélèvements. La consommation d'eau potable stagne en ville et baisse en zones périurbaine et rurale (développement de puits et forages privés, réutilisation de l'eau de pluie). Les investissements nécessaires au maintien des équipements et des réseaux ne sont pas faits. La qualité des services publics de l'eau se dégrade et les nappes phréatiques sont surexploitées et globalement les prélèvements pour les ménages augmentent (forages privés, fuites dans réseaux vétustes).
Certaines masses d'eau sont abandonnées aux besoins économiques et sociaux immédiats. Malgré les délocalisations et la pression réglementaire moins forte, l’absence de contrôle officiel conduit à des accroissements des pollutions industrielles surtout organiques (industries agroalimentaires, bois-papier). La crise pousse l’agriculture à opter pour des pratiques plus extensives nécessitant moins d’achats et d’investissements (plus que 20% de la SAU (Surface Agricole Utile) en intensif). Les pollutions diffuses et les prélèvements agricoles diminuent globalement. L’augmentation du prix des énergies fossiles rend compétitives les énergies renouvelables qui se développent lentement car sans investissement majeur des pouvoirs publics. L'exploitation du gaz de schiste devient également rentable mais n’est développée en France qu’après 2030.
Globalement les prélèvements sans contrôle sur les milieux et la biodiversité (eau, biomasse énergie, chasse, pêche, etc.) sont importants dans ce scénario ainsi que les rejets sauf pour l’agriculture (prélèvements et pollutions diminuent fortement sauf sur 20% de la SAU qui reste en production intensive). Aussi la nature des pollutions aquatiques évolue : plus de pollutions organiques (assainissement peu efficace, industrie agroalimentaire…) et moins de pollutions issues de l’agriculture.
Le moindre investissement dans la gestion des risques industriels et l’entretien insuffisant des ouvrages existants (barrages) sont des sources de risques importants lors d’événements climatiques extrêmes, alors que le nombre d’ouvrages n’augmente pas. Les maires s'en remettent à l’État pour la protection et l'indemnisation des risques (système qui s'appuierait de plus en plus sur les assurances) mais, face aux catastrophes majeures, le dispositif est dépassé.
L'absence de connection (Trames Vertes et Bleues) limite la progression d'espèces envahissantes. Le piètre état des milieux et l’accroissement des prélèvements conduisent à une accélération de l’érosion de la biodiversité aquatique.